L’âme d’un sauveur

Un stage initiatique au Mexique sur le thème : écouter sa guidance. Nous sommes un groupe, chacun part de son côté. La règle, pas de règle, à part suivre son intuition et apprendre de l’expérience.

La plage et la mer m’attirent naturellement, alors je vais me promener les pieds dans l’eau le long de la plage. Je suis plutôt tendue malgré le contexte, comme si je sentais que quelque chose allait se produire. Les coquillages me rassurent, car nous avions l’habitude de les ramasser étant petits avec ma mère et mes frère et sœur, alors au lieu de semer, je ramasse les coquillages.

La peur est vite grandissante, alors je chante, ça détend mon ventre et me donne de la concentration et remonte automatiquement mon énergie ! La mer monte et mes pieds s’enfoncent de plus en plus dans le sable, jusqu’aux mollets, et chaque fois que l’eau me recouvre je tremble de m’enfoncer encore dans ces sables mouvants. (Je suis à quelques mètres du sol bétonné pourtant 🙂) J’ai l’impression de faire face à mes plus grandes peurs, capables de m’emporter au fond de l’océan et me noyer, cette peur d’être SEULE et séparée du monde et de ceux que j’aime ! Je commence à vraiment paniquer et je ne vois plus que mes pieds qui s’enfoncent encore, encore…j’accélère…et là j’entends deux voix qui me saluent “Bonjour, vous allez bien? “. Un couple d’anciens, me transmettent la chaleur d’une voix maternelle en français et cela me rassure. Un homme, une femme, le couple féminin / masculin. (Je précise que pendant ce voyage, les baleines m’ont enseigné le donner / recevoir, le aimer/ s’aimer, le masculin / féminin 🙂 Car oui, c’est un art et un équilibre que de donner et recevoir et cela peut s’apprendre !) Alors ces 2 voix sont des symboles pour moi qui résonnent avec leur enseignement. Les baleines sont loin au large mais bien présentes dans mon cœur pendant cette guidance.)

Désormais rassurée je reprends ma route remplie de ce que ce couple m’a donné. (J’apprenais alors à m’autoriser à recevoir !).

C’est alors que je commence à apercevoir les dizaines de déchets sur la plage…quelle tristesse…quelle honte…

La seconde d’après un sac plastique m’est envoyé par la mer littéralement à mes pieds, une plume blanche à l’intérieur (il suffisait de demander 😉). Je commence à ramasser les déchets. Le sac est vite plein. Je demande un autre sac. Il arrive par magie, par la mer, une plume blanche à l’intérieur. J’ai bientôt 4 sacs et ça commence à être lourd…

J’arrive au point culminant des déchets. Une laideur indescriptible, de la matière morte qui ne se recycle pas, accrochée à la matière vivante du sable, des algues et des racines. La plupart des déchets sont coincés sous la mangrove. J’ai peur d’y aller, c’est ventre à terre seulement que je pourrais les atteindre. Comme si la mer allait me recouvrir d’un coup et un requin me dévorer. Je prends mon courage à deux mains et me glisse dessous, en chantant très fort. Je ramasse jusqu’à ne plus pouvoir ! A regret…je finis donc par m’arrêter et me dirige vers des poubelles les yeux dans le vide, avec mes énormes sacs.

C’est là que j’entends à nouveau la voix rassurante de cette femme qui affirme : “Oh, vous travaillez donc pour la planète”. Mon cœur vibre de toutes ses forces “Oui, je travaille pour la planète !”. Et son homme m’adresse “Félicitations mademoiselle”. Ils sont comme deux parents qui valident avec amour le chemin de leur enfant sans jugement.

Encore une fois remplie d’amour, je ressens à quel point un nouvel engagement et un nouveau contrat se créent…autour de ma mission…avec mon âme et cette Terre. Je commence à me rappeler du Sens. Mais la leçon est loin d’être apprise…ce n’est pas le tout de vouloir sauver qui, quoi, comment ?

Je rejoins la terre ferme et m’aventure dans les cactus le cœur gros. Je suis les traces de pas d’un coyote dans la terre, qui me mènent à une énorme fourmi qui transporte un énorme morceau de nourriture sur son dos. J’ai les yeux pleins de larmes car cela me renvoie mon expérience sur la plage vécue comme un échec, de ne pas avoir pris assez sur mon dos, tous ces déchets et puis je pense “elle, elle y arrive à porter un gros poids sur son dos”. Et puis…je vois une autre fourmi venir l’aider, puis une autre, puis une autre…et elles sont toutes dirigées vers un Bien commun : la fourmilière. Elle était sous mes yeux et je ne l’avais pas vue tellement elle était immense ! Chaque fourmi apporte sa valeur, son travail, et ensemble, elles construisent une tour de sable qui ressemble à un Royaume.

MERCI Mère Nature. Ce jour là mes cellules se sont rappelées de beaucoup de choses qui pourraient redonner sens à nos vieilles expressions telles que :

Aussi que la Terre est Vivante et que chacun est SON propre sauveur, si on vit avec conscience que chaque malveillance fait à l’autre, non seulement à un être humain, mais à un animal, un arbre, la Mer (notre Mère), est un mal qui nous revient. La bonne nouvelle, c’est que chaque acte de bonté nous revient aussi !

Nos vies sont liées, c’est une Loi énergétique universelle et l’une des plus belles, puisque nous devenons ainsi responsables de nous, et de tout ce qui nous entoure.

La leçon (pour moi) est claire : on ne peut pas tout prendre sur son dos, et avant d’en prendre, il s’agit déjà de s’alléger de ses propres fardeaux. Qui nous demande d’en prendre trop sur son dos ? A qui donne-t-on le pouvoir de nous faire porter plus que ce qui nous appartient ? Et pourquoi le faisons-nous ? Par peur de ne plus être aimé, par besoin de reconnaissance ?

C’est une question de volonté que de se prendre en mains, qui vient souvent quand la souffrance grandit, et que le cœur nous sauve, en nous racontant à quel point on a mal, on a peur, on est en colère et rempli de chagrin, à quel point on a besoin d’Amour. C’est ainsi que l’on passe de la position de Victime à celle de Parent responsable qui prend soin de soi et de ce qui nous est offert.

Et il en faut du courage, pour accueillir la tristesse du cœur. Mais c’est ensuite, le début d’une grande guérison…

Peut-être notre tendance à être Sauveur ou Sauveuse nous vient de notre Nature profondément altruiste, en réalité (encore cette Loi, nous sommes Uns ou nous ne sommes pas). Ou peut-être sommes-nous inconsciemment éveillés par ces figures de Sauveurs qui sont apparus dans l’Histoire dont nos mémoires se souviennent, et qui continuent d’apparaître…